Pendant longtemps la caféine a été considérée comme un produit dopant au-delà d’une certaine dose. Un sportif ne devait pas être testé à plus de 12mg.mL-1 de caféine dans ses urines sinon il était considéré comme dopé. Aujourd’hui la caféine est autorisée dans le domaine sportif, il n’y a plus de dose limite.

La caféine a-t-elle des effets bénéfiques sur la performance sportive ?

 

Des études ont montré que la caféine en quantité mesurée avait un effet stimulant pendant l’effort.

  • La caféine agirait directement sur les muscles pour augmenter leurs capacités à réaliser un effort. Un protocole de recherche a permis d’évaluer les contractions musculaires volontaires et involontaires chez des sujets à jeun de caféine en comparaison à des sujets ayant consommé de la caféine. Les différentes études menées ont montré que le caféine n’avait aucune influence sur la force musculaire lors d’un effort de haute intensité, que la contraction soit volontaire ou involontaire. Cependant lors d’un effort de plus faible intensité les études ont montré que la caféine augmentait la force délivrée par le muscle. Ces découvertes suggèrent que la caféine a un effet direct et spécifique sur les muscles.

 

  • Une autre étude de ​Pasman, W.J. et al. s’est intéressée aux effets de la caféine sur les temps d’endurance des cyclistes bien entraînés. Les sujets ont reçu soit un placebo soit une capsule de caféine, la dose donnée a été calculée en fonction du temps de l’épreuve et de la masse corporelle du sportif. Les résultats de cette étude révèlent une amélioration significative des performances de 24% pour les sportifs qui ont consommé de la caféine. Cependant, il est intéressant de noter que les cyclistes qui ont reçu une dose plus importante de caféine n’ont pas eu d’amélioration significative de leur performance en comparaison aux cyclistes ayant reçu des doses inférieures.

 

De nouveaux produits pour sportifs sont mis sur le marché avec dans leur liste d’ingrédients de la caféine.
C’est la cas des gels glucidiques utilisés par les athlètes le plus souvent pendant l’effort pour redonner de l'énergie à l’organisme et ralentir un épuisement des réserves énergétiques.

Les sportifs d’endurance utilisent plus souvent ces gels car leurs épreuves sont longues et nécessitent de l’énergie sur du long terme. Cependant il a été étudié que les sportifs d’endurance étaient particulièrement sujets aux troubles gastro-intestinaux du fait d’une modification de l'afflux sanguin pendant un effort (déplacement du flux sanguin des viscères vers les muscles qui travaillent) de longue durée.Le problème de la caféine chez les athlètes d’endurance est sa capacité à être laxatif ce qui peut renforcer les troubles gastro-intestinaux, il est ainsi préférable d’éviter les gels contenant de la caféine pour les épreuves d’endurance de forte intensité.

Une étude de ​Sicard, Bruno montre une réduction du diamètre des vaisseaux sanguins et par conséquent une diminution du débit sanguin après la consommation de caféine.

Le cerveau est un organe très sensible à la concentration en sucre dans le sang (glycémie). La caféine en diminuant le débit sanguin réduit également le taux de sucre acheminé jusqu’au cerveau. Il en résulte un signal d’hypoglycémie (manque de sucre dans le sang) généré par le cerveau. Cette étude révèle ainsi que la caféine pourrait favoriser une hypoglycémie alors que le but des gels glucidiques est au contraire d’éviter aux athlètes de souffrir d’hypoglycémie à l’effort.

Les gels glucidiques ne sont pas les seuls produits que les sportifs consomment autour de l’effort il y a aussi les boissons énergisantes.

Les boissons énergisantes sont partenaires de nombreuses compétitions sportives, elles sont consommées pour apporter rapidement de l’énergie à l’organisme.
Mais n'y aurait-il pas des effets négatifs pour l’athlète pendant l’effort ? Les boissons énergisantes ne se composent pas seulement de caféine, il y a dans la plupart une grosse quantité de sucre. Le risque ne vient pas seulement de la teneur en caféine que contient la boisson énergisante mais également de la quantité de sucre qu’on consomme avec celle-ci. Reprenons l’exemple des sportifs d'endurance et des troubles digestifs dont ils sont sujets, il a été démontré que les boissons dont la concentration en glucides dépasse les 7 à 10% peuvent provoquer des inconforts digestifs.

Ainsi on peut considérer que la boisson énergisante est doublement problématique pour les sportifs, en particulier pour les sportifs d’endurance à haute intensité puisqu’elle contient une quantité de caféine importante et une quantité de sucre trop élevée pour être consommée pendant un effort.

 

 


sources:

Apfelbaum, M., Forrat, C. & Nillus, P. (1995). Diététique et nutrition. Masson éditeur. Mac Ardle, W.D., Katch, V. & F. Katch, F. (1987). Physiologie de l’activité physique - Editions Vigot. Pilardeau, P. (1995). Biochimie et nutrition des APS - Editions Masson

Bwenge, A., Côté, M., de Macar, A., & Poirier, P. Les boissons énergisantes et le sport.

Ho, G. W. (2009). Lower gastrointestinal distress in endurance athletes. ​Current sports medicine reports,​ ​8​(2), 85-91.

Lopes, J.M., et al. : Effect of caffeine on skeletal muscle function before and after fatigue. J. ​Appl. Physiol​., 54:1303, 1983.

Pasman, W.J., et al. : The effect of different dosages of caffeine on endurance performance time. Int. J. Sports Med., 16:225, 1995

Pillard, F., Grosclaude, P., Navarro, F., Godeau, E., & Rivière, D. (2002). Pratique sportive et conduite dopante d'un échantillon représentatif des élèves de Midi-Pyrénées. ​Science & Sports,​ ​17​(1), 8-16.

Sicard, Bruno. (2010). Caféine et vigilance. Cerveau & Psycho.

Staudenmann, D., Gremion, G., & Criblez, D. (2018, February). Sport et troubles gastro-intestinaux. In ​Forum Médical Suisse​ (Vol. 18, No. 09, pp. 201-205). EMH Media.